ADOssée : une unité hospitalière dédiée aux ados

Longtemps, l’unité de soins dédiée aux 15-23 ans est restée la petite sœur de la structure hospitalière des adultes. Aujourd’hui, elle prend son envol, avec un nom bien à elle et un projet distinct. Pour une prise en charge plus ciblée, et des temps d’hospitalisation plus courts.

Depuis des années, le Beau Vallon accueille les ados en souffrance à la clinique du Parc. Dans cette unité hospitalière de 60 lits, dédiée au départ aux adultes, l’accueil des jeunes s’est progressivement fait une place. Aujourd’hui, c’est une véritable unité spécialisée, capable d’accueillir 20 jeunes. Un projet patiemment élaboré et concrétisé par l’équipe de soins, dont font partie Claire Van Daele, pédopsychiatre, et Bastien Scouperman, infirmier en chef adjoint.

« L’unité fonctionne déjà depuis 5 ans, avec des améliorations successives, et une prise en charge de plus en plus spécifique aux ados » expliquent-ils. « Mais il devenait de plus en plus évident qu’il fallait une unité plus autonome, avec des espaces de vie et des rythmes mieux séparés de ceux des adultes. » C’est aujourd’hui le cas, grâce à une équipe renforcée, des lieux repensés. Et de nouveaux projets pour aider les jeunes à renouer avec le monde extérieur, plus rapidement. 

 

« Les visions différentes font la richesse du projet thérapeutique »

Renouer avec l’école, retrouver un rythme, viser l’amélioration de troubles de l’humeur, dépressifs et/ou anxieux, aider à renouer à un mode de vie sans consommations de toxiques… À son arrivée, chaque jeune construit son projet thérapeutique. Avec l’équipe de soins : pédopsychiatres, neurologues, psychologues, médecins généralistes, assistants sociaux, kinés, ergothérapeutes, éducateurs spécialisés, aide-soignants, infirmiers, logopède, diététicienne… tous spécialisés dans la prise en charge des ados. Mais aussi en lien avec ses proches et son réseau : école, médecin, institution demandeuse d’aide.

« Le premier atout d’ADOssée, c’est son équipe pluridisciplinaire » explique Claire Van Daele. « Chacun avec sa spécificité amène un regard particulier, et c’est cet assemblage qui fait la richesse d’un projet thérapeutique. Ce que voit le médecin n’a pas plus de valeur que ce que vit le prof ou l’éducateur avec l’ado. Chacun apporte sa petite pièce. La vision globale qui en résulte permet la prise en charge la plus adaptée. » En 2021, le staff pluridisciplinaire s’est élargi, pour permettre d’intégrer mieux encore d’autres pièces du puzzle : celles que détiennent les parents et le réseau du jeune.

 

Des lieux et activités mieux structurés autour des besoins des ados

Aujourd’hui déjà, à la clinique du Parc, jeunes et adultes dorment et prennent leurs repas dans des lieux séparés. En revanche, les lieux de vie sont communs. Dès 2022, ADOssée offrira des espaces spécifiques aux ados, dans une unité plus autonome au sein de la clinique.

« Nous avons repensé tout l’aménagement en ce sens » explique Bastien Scouperman. « L’objectif, c’est de créer un lieu plus cocoon, plus chaleureux, et adéquatement sécurisé – jusque dans un jardin ‘privé’, réservé aux ados. L’idée, c’est d’amener de la sérénité dans la prise en charge : pour les jeunes, pour le personnel qui encadre, pour les familles. »

Toute l’organisation des journées et activités pourra aussi se centrer sur les ados. « Nous voulons par exemple développer plus d’activité en soirée, moment où les ados sont généralement plus actifs que les adultes. »

Pour les activités pédagogiques, l’équipe collabore avec l’asbl L’École Escale. Des profs spécialisés veillent selon les cas à maintenir ou reconstruire une relation positive à l’apprentissage. L’École Escale se met aussi en rapport avec l’école du jeune, pour garder le lien et suivre où en est sa classe, si son projet est de retourner à l’école par exemple. 

Et les activités ‘scolaires’ dépassent de loin les maths ou le français. Elles touchent à la musique, aux arts plastiques… y compris extra muros. Une collaboration démarre ainsi avec la Rock’s Cool, une école de musique qui propose un apprentissage original des musiques actuelles, dans une démarche collective, axée sur la rencontre. Bastien Scouperman : « Il s’agit d’aider les jeunes à se rétablir, mais aussi à se brancher vers un réseau extra-psychiatrique, vers la culture, et à tisser des liens sociaux. »

Enfin, reprendre pied, cela passe aussi par reprendre un rythme : se lever, prendre soin de soi, ranger ses affaires… Cet axe éducatif est étroitement imbriqué dans l’axe thérapeutique et pédagogique. L’idée chez ADOssée, c’est que les ados soient constamment encadrés par une équipe thérapeutique spécialisée (éducateurs, ergothérapeutes, kinés, assistants sociaux, psychologues) qui les aide à retrouver une structure.

 

« L’hospitalisation ne doit pas durer »

L’hospitalisation des jeunes dure en moyenne quelques semaines – le temps qu’il faut pour se poser, s’apaiser, commencer à se reconstruire. Mieux gérer l’avant et l’après, c’est aussi dans les cartons d’ADOssée. « Le séjour à l’hôpital ne peut pas être un temps isolé, détaché du reste » explique la pédopsychiatre. « Nous voulons que ce temps à l’hôpital s’inscrive dans une continuité de soins, avant l’entrée à l’hôpital, et après la sortie. »

Les collaborations extérieures se multiplient aussi dans cette optique. Un exemple ? « En tant que centre de soins psychiatriques, nous n’avons pas de service d’urgence. Nous mettons en place une collaboration avec le CHU de Namur pour que les jeunes qui arrivent aux urgences pour des causes psychiatriques ne soient pas ensuite lâchés dans la nature, mais puissent être orientés chez nous, ou bénéficier d’un soutien spécifique si nous ne pouvons pas les accueillir tout de suite. »

Un suivi bien planifié peut aussi permettre d’écourter l’hospitalisation. Il peut passer par Psysalide, la structure de jour du Beau Vallon pour les 6-18 ans, par des consultations pédopsychiatriques, ou par un suivi concerté avec une institution extérieure. « Tout est fait pour éviter que l’hôpital devienne un refuge chronique » conclut Bastien Scouperman. « La vie est dehors ! Et c’est tout le sens du nom ADOssée : une contraction d’adolescent et d’odyssée, qui renvoie à l’idée de s’adosser : s’appuyer à un support, pour mieux repartir. » La vison et l’offre de soins est donc multiple, variée et s’adapte à la demande du jeune, de sa famille et du réseau.