En 2005, un petit club psychosocial ouvrait ses portes au 179 rue de Gembloux, à Saint-Servais. Vingt ans plus tard, La Charabiole est devenue un lieu emblématique du paysage namurois en santé mentale. À l’occasion de cet anniversaire, retour sur l’histoire d’un projet audacieux, inspiré et profondément humain.

Un modèle d’inclusion et la participation active

Ni hôpital de jour, ni centre d’activités classique, La Charabiole est un club psychosocial, directement inspiré du modèle des Clubhouses, né à New York dans les années 1940. Le service est rattaché à l’Initiative d’Habitations Protégées (IHP) L’Espoir, elle-même dépendante de l’hôpital psychiatrique du Beau Vallon.

Ici, la participation active des membres n’est pas un principe abstrait, mais une réalité vécue au quotidien. « La grande particularité de La Charabiole, c’est que plusieurs activités sont animées et co-animées par les membres eux-mêmes », explique Charlotte Gourdin, coordinatrice de l’IHP L’Espoir. « Ils sont véritablement au cœur du fonctionnement du club, de la création de la grille d’activités à leur animation ».

Cette logique horizontale – loin du modèle soignant/soigné – fait la force du lieu. Chacun peut venir y cuisiner, marcher, créer, discuter, jouer… ou simplement être là. Un espace de rétablissement, de lien social et de respiration. « La Charabiole occupe mes journées et m’évite de rester seul chez moi, maintenant que je suis pensionné », confie Christian, membre depuis 13 ans. « C’est un plaisir de venir ici. Parfois je participe à un atelier, parfois je viens juste pour voir les autres, me divertir un peu ».

De nombreuses activités sont organisées chaque semaine à La Charabiole

Un lieu vivant, ouvert et non stigmatisant

L’une des particularités du club psychosocial, c’est qu’il offre un espace inclusif et ouvert à tous : « Même si le club fait partie des IHP L’Espoir, il est aussi ouvert aux personnes extérieures qui sont confrontées à des difficultés psychiques et sont aujourd’hui stabilisées », explique Charlotte Gourdin.

Chaque semaine, une soixantaine de personnes fréquentent La Charabiole, dans une ambiance chaleureuse et bienveillante. Les activités sont aussi diverses que les profils : cuisine, groupes de parole, ateliers créatifs, boxe, jeux coopératifs, cinéma, pilates, sorties… Et sont encadrées par une équipe pluridisciplinaire composée d’assistants sociaux, de kinés, d’éducateurs, d’infirmiers, d’ergothérapeutes, de psychologues…

« En arrivant au club, je me suis tout de suite senti compris et entendu dans ma souffrance et mes difficultés », témoigne Gery, membre depuis 2015. « J’essaie d’être au maximum un membre actif et de servir d’exemple aux autres. J’ai trouvé à la Charabiole une seconde famille et je peux dire que depuis que je suis ici, j’ai le sentiment d’aller de mieux en mieux ».

Installé dans une maison de ville typique de Saint-Servais, le lieu se fond dans le quartier. Rien à l’extérieur n’indique qu’il s’agit d’un lieu accueillant des personnes en difficultés psychiques. « C’est une volonté. Cela facilite l’accès et contribue à briser les stéréotypes qui entourent encore trop souvent la santé mentale », souligne la coordinatrice.

L'équipe et les membres du club ont célébré les 20 ans de La Charabiole au cours d'une journée festive et riche en échanges.

20 ans de liens, de projets et d’humanité

Depuis ses débuts, La Charabiole a grandi, traversé des défis, dont la crise sanitaire du Covid, initié de nombreux projets, collaboré, innové… Cette dynamique n’est pas qu’un enchaînement d’activités : elle est le reflet d’un lieu vivant, où chacun peut (re)trouver une place, un rythme, une voix.

Aujourd’hui, La Charabiole poursuit son chemin avec une équipe engagée, des membres toujours plus impliqués, et des projets en constante évolution. Ce 20e anniversaire est l’occasion de saluer la richesse du parcours accompli, mais surtout de rappeler que des lieux comme celui-ci sont essentiels. Pour se reconstruire. Pour vivre ensemble. Pour croire en la force du collectif.