Et si la musique devenait un outil thérapeutique à part entière ? Au sein de notre unité pour adolescents ADOssée, de notre service pour adultes Regina Pacis et notre hôpital de jour pour enfants et adolescents Psysalide, cette idée prend vie grâce à l’atelier Rock's Cool : une initiative où mélodies et bien-être se rencontrent pour créer une expérience aussi unique qu'enrichissante, contribuant au travail pluridisciplinaire effectué sur le principe du rétablissement.
Une note de départ prometteuse
L’histoire commence avec Bastien Scouperman, infirmier en chef à Regina Pacis. « Je prenais des cours de basse à la Rock’s Cool à Beauraing », explique-t-il. « Au fil des discussions avec les professeurs et le directeur, Michael Mathieu, je me suis rendu compte qu’ils organisaient des projets pédagogiques dans des institutions externes comme le Beau Vallon ». Convaincu du pouvoir transformateur de la musique, il décide de mettre en place ce partenariat, dans un premier temps au sein de l’unité ADOssée, où il est infirmier en chef adjoint à cette époque, puis au sein du service de Regina Pacis. Par la suite l’atelier a également été développé dans l’unité Psysalide.
L’idée ? Proposer des ateliers de musique où les patients peuvent apprendre le chant, à jouer d’un instrument de musique ou encore l’écriture de chansons, au contact de Sylvie Botton, professeure à la Rock’s Cool et/ou de membres de l’équipe de soins, tous passionnés par la musique. « Les ateliers sont très « rock and roll », car on ne sait jamais à l’avance qui va y participer », explique Sylvie. « L’idée est de faire de la pédagogie active et de s’adapter en fonction de l’élève que l’on a face à soi. Il y a quand même un objectif de représentation devant un public. Et ce que je recherche, c’est que l’élève puisse prendre du plaisir sur scène et être lui-même ». Ainsi, une fois par semaine, les notes de musique résonnent dans les couloirs de Regina Pacis, de l’unité ADOssée et de Psysalide.
Une fois par semaine, les notes de musique résonnent dans les couloirs du service
Quand les notes remplacent les mots
Les ateliers Rock's Cool ne se contentent pas de remplir le silence. Pour Sylvie, ils redéfinissent la communication. « La musique est un langage à part entière », raconte la professeure. « Parfois, il est plus facile de chanter ce que l’on ressent que d’en parler à un médecin. Je pense que la musique agit comme un catalyseur, permettant aux patients de se connecter à eux-mêmes et aux autres ». Au fil des accords, les patients explorent leurs émotions à travers la musique et apprennent à les exprimer et les canaliser. « Quand on est en atelier, on ne pense à rien d’autre qu’à la musique », poursuit Sylvie. « On essaye de faire en sorte que le mental ne vienne pas nous parasiter. On vibre simplement. Certains jeunes m’ont même déjà parlé de l’atelier comme d’un antipoison ».
« La musique est un langage à part entière. Parfois, il est plus facile de chanter ce que l’on ressent que d’en parler à un médecin » - Sylvie Botton
Une bulle hors du temps qui ouvre sur l’extérieur
Beaucoup s’accordent à dire que ce projet pédago-thérapeutique apporte bien plus que des apprentissages techniques. Lors des ateliers Rock’s Cool, les rôles disparaissent. Patients et soignants deviennent simplement des musiciens qui partagent une passion commune. « Pour les patients comme pour le personnel, cet atelier est une véritable bulle d’air », explique Maxime Renard, éducateur et référent de l’atelier au sein du service Regina Pacis. « Le temps d’une après-midi, on retire l’étiquette de la psychiatrie et on pense à autre chose ».
Maxime Renard dispense des cours d’initiation à la guitare au sein du service Régina Pacis
Une bulle d’air qui, selon Bastien Scouperman, contribue pleinement au processus de rétablissement. « L’objectif de cet atelier, c’est aussi de donner des outils aux patients », ajoute-t-il. « De lui faire comprendre qu’extramuros, il peut se tourner vers ce type d’initiatives musicales et culturelles. De ce fait, c’est un atelier qui renforce tout le travail mis en place au quotidien et basé sur le principe du rétablissement ».
Une mélodie positive dans les services
L’impact positif du projet ne se limite pas aux murs de l’atelier et à ses participants. Tous les lundis et jeudis, lorsque les notes de musique résonnent dans les couloirs de Regina Pacis, de l’ADOssée ou de Psysalide, c’est l’ensemble des patients et du personnel qui en profitent. « L’atelier apporte une certaine sérénité et une ambiance chaleureuse dans le service », explique Maxime Renard. « Mais aussi et surtout une grande bienveillance entre les patients. Ils se complimentent et s’encouragent mutuellement ».
En mêlant thérapie et musique, l’atelier Rock’s Cool montre qu’une approche holistique peut transformer les soins en psychiatrie. Ces moments d’harmonie, chaque note jouée, chaque chanson chantée au Beau Vallon, offrent une mélodie d’espoir pour tous.