Le 28 février dernier se terminait la 6ème édition de la Tournée Minérale en Belgique. Pendant 1 mois, plus de 2 millions de Belges se sont engagés à ne pas boire une goutte d’alcool. Mais quels sont les effets de l’alcool sur le bien-être physique et psychique ? Éléments de réponse avec nos diététiciennes Aurélie Fraikin et Géraldine Polet et l’une de nos psychothérapeutes Marie Poncin.   

Qu’entend-on par consommation d’alcool ?

De manière générale, les experts distinguent 3 grandes catégories de consommation d’alcool :

La consommation à faible risque

Ce type de consommation correspond à une consommation qui n’entraîne pas, ou pas encore, de conséquences. Cela signifie qu’elle ne survient jamais dans des situations telles que la conduite, une grossesse, un état de fatigue intense, une prise médicamenteuse.

Le trouble lié à l’abus d’alcool

Il s’agit d’une consommation qui entraîne des conséquences physiques, sociales ou légales. Elle est évaluée selon 4 critères :

  1. L’utilisation répétée d’alcool entraînant une incapacité à remplir des obligations majeures à domicile, au travail ou à l’école.
  2. La consommation récurrente dans des situations potentiellement dangereuses pour la santé physique.
  3. Les problèmes judiciaires récurrents liés à la consommation d’alcool.
  4. La consommation malgré des problèmes interpersonnels persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les effets de l’alcool

Il suffit que le consommateur présente 1 seul de ces critères pour établir le trouble lié à l’abus d’alcool.

La dépendance à l’alcool

Ce type de consommation est quant à lui défini par 7 critères :

  1. La tolérance, c-à-d le besoin d’augmenter la quantité pour un effet équivalent ou un effet diminué pour une quantité équivalente.
  2. Les symptômes de sevrage au moment de l’arrêt de la consommation.
  3. La quantité ou la durée de consommation est supérieure à ce que la personne avait envisagé.
  4. Le désir persistant pour la consommation d’alcool ou les efforts infructueux pour réduire ou contrôler cette consommation.
  5. Le temps accaparé par la recherche ou la consommation de la substance.
  6. La réduction ou l’abandon d’activités au profit de la consommation.
  7. La poursuite de la consommation malgré l’apparition de conséquences physiques et psychologiques.

Le diagnostic de dépendance est posé si au moins 3 des critères ci-dessus sont rencontrés sur une période de 12 mois.

L’alcool, quel risque pour la santé ?

Parmi les dangers que l’alcool peut avoir sur la santé, nombreux sont ceux qui impactent la santé physique.  La consommation d’alcool a un réel impact sur la santé d’un point de vue diététique, expliquent Aurélie Fraikin et Géraldine Polet, diététiciennes au Beau Vallon. Ces risques concernent principalement le surpoids, la dénutrition et les pathologies digestives.

Le surpoids

Les boissons alcoolisées sont très caloriques (1gr d’alcool contient 7 kcal). Le problème avec les calories contenues dans l’alcool, c’est qu’elles sont dites vides. Cela signifie qu’elles n’apportent aucun nutriment indispensable à notre organisme, précisent les diététiciennes. Sans oublier qu’aux calories contenues dans l’alcool, s’ajoute la teneur en glucides (sucres).

La dénutrition 

La consommation excessive d’alcool entraîne de nombreux changements dans nos habitudes alimentaires, expliquent Aurélie Fraikin et Géraldine Polet. Comme dit l’adage, « là où le brasseur passe, le boulanger ne passe pas » ! L’alcool peut alors être responsable de multiples complications nutritionnelles comme : des carences en vitamines, en oligo-éléments et sels minéraux, une dénutrition protéique, des hypoglycémies…

Le risque de maladie 

C’est aujourd’hui un fait avéré : une grande consommation d’alcool peut entrainer des maladies comme des cancers, des ulcères, l’hépatite ou encore la cirrhose. Comme l’alcool passe très rapidement dans la circulation sanguine, il n’est pas soumis aux phénomènes de la digestion, précisent les diététiciennes. Il peut alors faire de véritables ravages partout où il passe.

Et notre santé psychique ?

Si nous sommes généralement conscients des dégâts que l’alcool peut avoir sur notre santé physique, on oublie parfois qui peut aussi affecter notre santé mentale, comme le rappel Marie Poncin, psychothérapeute au Beau Vallon. Aucune consommation d’alcool n’est sans risque. Elle peut entraîner de graves conséquences dans notre vie sociale, professionnelle et notre santé physique. Mais il ne faut pas oublier que l’alcool peut aussi être à l’origine d’anxiété, de dépression, de troubles de la mémoire, de l’attention… Un risque d’autant plus grand que ces effets négatifs n’apparaissent pas tout de suite. De par ses effets sur le système cérébral, l’alcool modifie l’expérience émotionnelle et amène à un court terme des effets euphoriques et excitants ainsi qu’un sentiment d’apaisement et de « mieux-être », poursuit la psychothérapeute. Mais à moyen et long terme, la substance amène un effet inverse et entraîne une dépression (dépressogène) et/ou une anxiété. 

Est-ce bénéfique de participer à la Tournée Minérale ?

Face à ces nombreux risques, nos trois experts s’accordent sur les bénéfices que peut apporter une action comme la Tournée Minérale. Arrêter de boire pendant 1 mois peut aider à prendre conscience de sa consommation d’alcool et à mieux gérer sa consommation par la suite, expliquent les deux diététiciennes. La plupart des participants ont déclaré que leur consommation avait diminué, même des mois plus tard. Mais attention, ajoute Marie Poncin, pour les personnes qui sont dépendantes à l’alcool, cette action de Tournée Minérale peut entraîner un réel danger pour leur santé physique. Pour ce type de consommateur, il est indispensable d’être au minimum accompagné par un médecin qui instaura un traitement médicamenteux pour éviter les dangers physiques, ou de réaliser ce sevrage à l’hôpital.