La Tournée minérale en quelques chiffres

Ce mois de février 2022 s’est en effet tenue en Belgique la sixième « Tournée Minérale », soutenue du côté francophone par l’asbl Univers Santé (précédemment organisée par la Fondation contre le cancer). Avec un total estimé à 12 litres d’alcool pur bu par an par habitant, notre pays est parmi les plus touchés par la consommation d’alcool en Europe. De 120.000 participants la première année, on estime à plus de 2 millions le nombre de belges désormais préoccupés par leur consommation d’alcool et qui décident de se sevrer pendant un mois. Les chiffres les plus récents rappellent à quel point l’alcool demeure une problématique de santé publique importante en Belgique, étant la première cause de décès chez les 15-29 ans et la deuxième cause de mortalité évitable derrière le tabac.

Quels résultats pour un mois d’abstinence à l’alcool ?

Un chercheur de l’Université du Sussex, Richard de Visser, a réalisé plusieurs études sur les effets de ce mois d’abstinence. Dans une étude menée pendant le Dry January de 2019, 1.192 participants adultes ayant décidé de ne pas boire pendant un mois ont été comparés à 1.549 adultes n’ayant rien changé à leurs habitudes sur cette même période.

Les résultats confirment, comme d’autres études avant celle-ci, que les bénéfices d’un mois d’abstinence sont visibles sur courts et longs termes, jusqu’à 6 mois après. Les participants se sentent mieux physiquement et psychologiquement, et estiment être plus capables de contrôler leur consommation (ex : pouvoir refuser un verre proposé). Ces résultats ne sont pas observés chez les personnes qui ont continué à boire.

Le site Medical News Today ajoute dans les effets observés que :

• 93 % des participants ont déclaré avoir éprouvé un sentiment d'accomplissement à la fin du mois sans alcool.
• 88 % ont économisé l'argent qu'ils auraient autrement dépensé en boissons.
• 82 % des participants ont déclaré avoir une meilleure conscience de leur relation avec l'alcool.
• 80 % se sont sentis plus maîtres de leurs habitudes de consommation.
• 76 % ont identifié les raisons et situations où ils étaient tentés de boire.
• 71 % des participants ont appris qu'ils n'avaient pas besoin d'alcool pour s'amuser.
• 71 % ont déclaré avoir bénéficié d'une meilleure qualité de sommeil.
• 70 % ont déclaré avoir une meilleure santé générale
• 67 % avaient un meilleur niveau d'énergie
• 58 % des participants ont perdu du poids
• 57 % ont déclaré avoir amélioré leur concentration
• 54 % ont déclaré avoir remarqué un impact positif sur leur peau

Qui sont les personnes qui s’engagent dans cette Tournée Minérale ?

Il serait tentant de penser que les participants à la Tournée Minérale sont des buveurs occasionnels, préoccupés par leur consommation mais pour qui l’effort à réaliser est relativement faible. Pourtant, et toujours selon les données de l’étude de de Visser, les participants s’avèrent être des buveurs relativement importants d’alcool en temps normal. De niveaux socioéconomique et éducatifs plus élevés, ils rapportent un bon niveau de bien-être physique mais se disent plus en souffrance quant à leur bien-être psychologique, et disent avoir de moins bonnes capacités à refuser un verre.

Un autre avantage de ce type d’initiative est d’avoir un faible risque d’effet rebond. Cet effet concerne le risque de basculer vers une consommation très importante d’alcool en réaction au mois d’abstinence, en cherchant par exemple à se récompenser de l’effort fourni ou à basculer dans l’excès en raison d’un manque.

L’accompagnement, le secret d’une abstinence réussie

Le succès toujours grandissant de ces campagnes de sensibilisation montre à quel point les effets et les risques associés à la consommation d’alcool inquiètent le grand public. Que cela concerne un mois d’abstinence ou la volonté de se sevrer sur du plus long terme, il est très important de trouver un soutien adéquat durant cette période. Le site officiel de la Tournée Minérale vous permet de vous inscrire, vous permettant à la fois d’officialiser votre démarche mais aussi de trouver l’aide nécessaire si besoin. Si cela peut aider à maintenir son degré de motivation à un bon niveau, il ne faut pas négliger l’importance du support médical qui peut s’avérer nécessaire dans certaines situations. Il est effectivement important de garder à l’esprit qu’un sevrage mal réalisé chez une personne avec un trouble important de l’usage de l’alcool peut avoir de lourdes répercussions pouvant aller jusqu’aux crises d’épilepsie, delirium tremens, voire au décès de celle-ci, l’alcool étant la seule substance pour laquelle un mauvais sevrage peut être fatal.

En résumé, s’arrêter un instant pour réfléchir à sa consommation d’alcool est bon pour notre santé. Le but n’étant pas de viser l’abstinence à vie, cela peut-être une opportunité de questionner des habitudes prises depuis plusieurs années, et leurs impacts sur notre santé au quotidien.